Ces dernières années, la Ville a multiplié les marchés d'études stratégiques sur son avenir. Elle prend également part à de nombreuses initiatives métropolitaines et nationales, comme les concours Inventons la Métropole ou le NPNRU. Rencontre avec Georges Mauthron, qui détaille les grands axes de la stratégie de ses équipes, bien déterminées à mettre Argenteuil sur la carte de chacun, des investisseurs privés aux touristes étrangers.
CdV : Argenteuil a lancé ces dernières années plusieurs études sur son avenir à moyen-terme. Quelles sont les orientations du projet municipal qui en sortent ?
La logique de notre action actuelle est guidée par deux axes : reconquérir la Seine, le lieu de naissance de la ville, et porter un renouveau économique local appuyé sur deux axes, la cosmétique et la cybersécurité. Ces axes s’articulent en premier lieu sur deux secteurs géographiques, le centre-ville aux abords de la gare et le quartier de la porte Saint-Germain en bord de Seine.
Le lien entre Argenteuil et le fleuve était, il y a encore quelques décennies, évident et naturel – jusqu’à ce que l’A15 ne perce la ville et forme une barrière infranchissable pour les piétons. Les activités industrielles du bord de Seine ont dépéri et le quartier de la porte de Saint Germain regorge de friches – à dépolluer - sur lesquelles plusieurs projets se développent avec l’appui de l’Etat. Le secteur est en effet couvert par un CIN (contrat d’intérêt national), grâce auquel plusieurs études et partenariats ont pu être mis en place, et un secteur NPNRU d’intérêt régional.
Parmi eux, on trouve par exemple le projet IMGP des Vues sur Seine construit sur un terrain Yoplait, dont la première pierre sera posée cette semaine. Il était hors de question pour moi d’accepter un projet logistique sur ce site : je voulais accueillir de l’emploi et des logements, porter un secteur vivant. Et ce projet renforce voire pousse la dynamique que nous voulons porter. Le cahier des charges a été discuté avec les acteurs locaux qui sont rassemblés dans le Conseil économique d’Argenteuil - sur la base du volontariat. Et très vite, les acteurs de la zone ont refondu leur patrimoine pour anticiper la mutation à venir. L’usine Otis, devenue centre de formation et call center dans les murs industriels, a engagé sa réorganisation complète et déposé il y a quelques jours le permis de construire pour vendre cet ensemble, dont il n’utilisera plus qu’une partie.
Le quartier de la porte Saint-Germain est directement lié, par sa géographie et son fonctionnement, aux abords de la gare. Ce secteur devrait beaucoup évoluer lui aussi dans les années à venir, notamment avec la libération de l’emprise de la gare de triage. A l’inverse, nous sommes soucieux de conserver les grands quartiers pavillonnaires. Enfin, pour ce qui est de l’étude "Argenteuil 2030", elle rendra ses conclusions à l’été, et je me suis pour le moment tenu à l’écart des réflexions pour ne pas imposer mes idées.
CdV : En parallèle, vous avez aussi fait phosphorer un groupement emmené par des architectes sur les espaces urbains de la ville. Qu'en attendez-vous ?
En juin 2018, nous avons mandaté l’équipe Wilmotte & Associés, Citadia et Iris conseil pour définir une charte des espaces urbains. Ce travail doit permettre de révéler les richesses existantes et de reconnecter les différents quartiers de la ville entre eux. Les principes développés au fil du diagnostic et des réflexions seront traduits dès cette année dans les espaces que nous allons réaménager cette année et dans des plans guides pour plusieurs espaces emblématiques. (consulter la charte)
Le travail se concentre beaucoup sur ces quartiers au centre de nos efforts. Son ambition est de donner un vrai visage à la ville, de manifester l’unité via les mobiliers urbains et façades architecturales. Et c’est bien sûr à Porte Saint-Germain et aux abords de la gare qu’on trouve le plus de nouveaux projets et leurs façades.
Il ne s’agit pas seulement d’esthétique. Nous avons plusieurs projets pour développer le rayonnement culturel et touristique de la ville : l’animation des collines dont les parcs ont été livrés par la région il y a quelques années, l’installation d’un pôle patrimonial dans la maison de Monet que nous avons rachetée, l’installation d’un hôtel 4 étoiles aux abords de la gare, notre candidature comme lieu d’étape du tourisme fluvial ou encore la valorisation avec le diocèse des reliques de l’église d’Argenteuil (la tunique du Christ).
CdV : Pourquoi avoir rejoint la Métropole du Grand Paris alors que vous n'étiez pas situé dans son périmètre initial, et quelle place y trouvez-vous aujourd’hui ?
C’est d’abord une mauvaise expérience de l’intercommunalité, soldée par une dette de 100 millions d'euros en 7 ans, qui nous a poussé à choisir le rapprochement avec les communes des Boucles de Seine. D'ailleurs, sortir de cette intercommunalité ratée nous a permis de reprendre la main sur nos finances. Nous avons pu redresser les comptes en deux ans au lieu de trois comme le prévoyait le plan de redressement imposé par la Chambre régionale des comptes. Nous venons de voter un compte administratif en excédent, ce qui nous permet d'investir et de baisser la taxe foncière. Surtout, cela nous permet de donner des gages aux investisseurs qui regardent nos projets pour les berges de Seine. Nous allons construire un groupe scolaire par exemple sur un ancien terrain automobile et donc prendre en charge la dépollution du site - le principal défi sur ce secteur, qui complique les équilibres économiques.
Au-delà, nous voulions rejoindre une structure où nous aurions notre place dans les décisions, regagner nos compétences en matière de développement économique. La MGP donne un coup de boost à nos projets urbains et à notre positionnement territorial, elle nous permet d'attirer l'attention des investisseurs et de mieux travailler avec nos voisins directs. La traversée de la Seine entre Argenteuil et Gennevilliers est un bon exemple, pour diversifier les transports dans la commune par-delà la ligne J qui nous relie à Paris en quelques minutes.
Quant aux Boucles de Seine, elles pourraient au mieux être qualifiées de coopérative de villes. Le partage de compétences est réduit au strict nécessaire. La mutualisation est progressive, nous avançons par exemple sur la question du partage des logements sociaux programme par programme.
Propos recueillis par Camille Bonazzi
Achat et commande publics : on continue de vivre une époque formidable
Les années passent et se ressemblent… cette nouvelle année qui s’ouvre pour la commande publique s’accompagne, comme toujours, d’interrogations sur ce qui attend les acheteurs et la sauce à laquelle ils vont pouvoir être mangés. Les deux décrets 2024-1217 et 2024- 1251 publiés les 28 et 30 décembre derniers ont à la fois clôturé l’année passée et donné le la pour celle à venir : l’évolution des textes est et va rester constante, un peu comme un pendule de Foucault et son éternel mouvement. Bien sûr, dès lors que ces évolutions sont motivées par des intentions louables, comme celle de la simplification des règles, elles ne sont pas contestables en soi ; même si on a ici et là la désagréable impression qu’on a de plus en plus tendance à s’éloigner de l’acte d’achat proprement dit, avec ses objectifs d’efficacité et de bonne gestion de l’argent public, au bénéfice d’autres objectifs dont celui de la protection de l’environnement et du développement durable.
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L’année 2024 est très certainement prometteur pour l’achat public. Grace à des formations initiales et continues qui ne cessent de se développer, la professionnalisation des acheteurs est réellement en marche. Ayant pris pleinement conscience de son impact économique et par la même social - l’achat public de travaux fournitures et services représentant en moyenne 20% de leur budget- de plus en plus de structures publiques et para publiques ont mis en place de véritables services dédiés à ce qu’il convient de considérer comme un puissant levier des politiques publiques. Gageons que cette année verra se prolonger des réflexions et débats déjà entamés sur l’impact de l’intelligence artificielle sur l’achat public, la cybercriminalité et la protection des données personnelles dans l’acte d’achat, l’extension de la location au détriment de l’achat proprement dit, l’instrumentalisation des ces quelques dizaines de milliards d’euros annuels au service de différentes politiques dont la souveraineté nationale et -ce n’est à priori pas antinomique- la protection de la planète…
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La commande publique, qu’elle émane des services de l’Etat ou des collectivités, représente des enjeux économiques considérables et ne peut subir aucune inégalité de traitement.
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