C’est une crise sanitaire sans précédent que connaît aujourd’hui notre pays. Afin de ralentir la propagation du coronavirus Covis-19, l’Etat a pris de nombreuses mesures qui impactent fortement l’activité sur le territoire. Les marchés publics sont forcément touchés, de nombreuses entreprises fonctionnant au ralenti ou ayant baissé leur rideau le temps du confinement. Les acheteurs publics peuvent-ils infliger des pénalités de retard à ce titre ? Quid des procédures de passation en cours et de celles à venir ?
Le Gouvernement a déjà annoncé de nombreuses mesures pour accompagner et aider les entreprises à traverser cette crise sanitaire. Concernant les marchés publics, Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances, a indiqué que le coronavirus serait considéré comme un cas de force majeure. À ce titre, l’État n’appliquera aucune pénalité de retard à l’encontre des entreprises qui n’arriveraient pas à respecter les délais de livraison. Quid des marchés conclus par les collectivités territoriales et le secteur hospitalier ? La Direction des affaires juridiques (DAJ) de Bercy a publiée le 18 mars une nouvelle fiche technique recommandant clairement à tous les acheteurs publics « eu égard au caractère exceptionnel de la crise, de ne pas hésiter à reconnaître que les difficultés rencontrées par leur co-contractants sont imputables à un cas de force majeure. »
De nombreuses questions se sont également posées concernant les appels d’offres lancés avant le confinement. Interrogé à ce sujet, Sébastien Taupiac, Directeur Santé à l’UGAP et administrateur de l’APASP recommande de reporter les dates limites de dépôt des offres. En effet, de nombreuses entreprises n’étant actuellement pas en mesure de répondre à des appels d’offres, les procédures de passation pourraient être annulées pour manquement à l’égalité de traitement des candidats.
Les besoins des acheteurs publics ne cessent pas pour autant. Des marchés publics négociés sans publicité ni mise en concurrence pourront être conclus, la crise sanitaire que nous traversons étant une urgence impérieuse au sens de l’article R.2122-1 du code de la commande publique. Les marchés conclus en vertu de cette disposition sont bien entendu limités « aux prestations strictement nécessaires pour faire face à la situation d'urgence. » Le recours aux centrales d’achats peut aussi être une solution efficace et permettant de répondre à des besoins plus larges.
Concernant les appels d’offres qui devaient être lancés prochainement, Sébastien Taupiac appelle également les acheteurs publics à être patients, « au moins jusqu’à cet été » afin que les entreprises puissent candidater sur un pied d’égalité.
Les services achats devront donc s’organiser en conséquence et proroger, au besoin, les contrats en cours afin d’assurer la continuité des services publics.
L'APASP
2024 - L’ACHAT PUBLIC ENTRE AVERTISSEMENTS, PROMESSES ET DEFIS
L’année 2024 est très certainement prometteur pour l’achat public. Grace à des formations initiales et continues qui ne cessent de se développer, la professionnalisation des acheteurs est réellement en marche. Ayant pris pleinement conscience de son impact économique et par la même social - l’achat public de travaux fournitures et services représentant en moyenne 20% de leur budget- de plus en plus de structures publiques et para publiques ont mis en place de véritables services dédiés à ce qu’il convient de considérer comme un puissant levier des politiques publiques. Gageons que cette année verra se prolonger des réflexions et débats déjà entamés sur l’impact de l’intelligence artificielle sur l’achat public, la cybercriminalité et la protection des données personnelles dans l’acte d’achat, l’extension de la location au détriment de l’achat proprement dit, l’instrumentalisation des ces quelques dizaines de milliards d’euros annuels au service de différentes politiques dont la souveraineté nationale et -ce n’est à priori pas antinomique- la protection de la planète…
Lire plusRelocalisons les marchés publics !
La commande publique, qu’elle émane des services de l’Etat ou des collectivités, représente des enjeux économiques considérables et ne peut subir aucune inégalité de traitement.
Lire plusMarché public global de performance à paiement différé : une fausse joie ?
Ce fut la bonne nouvelle du printemps : le marché global de performance, jusque-là bridé par le sacro-saint principe d’interdiction de paiement différé, a enfin vu son régime assoupli sur ce point par la loi 2023-222 du 30 mars dernier. Certes limité aux travaux de rénovation énergétique - un domaine où les besoins sont évidemment immenses -, et pour une période expérimentale de 5 ans, cette possibilité tant attendue par les acteurs tant publics que privés de la construction de pouvoir étaler les paiements des investissements a été perçue comme une véritable bouffée d’air. Pourtant, du fait d’amendements déposés pendant l’étude du texte, la montagne risque d’accoucher d’une souris. C’est bien dommage : le secteur de la construction et de l’aménagement aurait bien mérité de bénéficier d’un outil simple et efficace à une époque où l’environnement tant national qu’international ne lui apporte pas que de bonnes nouvelles.
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