Accueil -  Actualités - Grenoble : la transformation de la cité de l'Abbaye s'intensifie par le transitoire

Le 23/03/2021 à 17h

Grenoble : la transformation de la cité de l'Abbaye s'intensifie par le transitoire

L'ancienne cité ouvrière dont la mutation en cours est portée par l'aménageur Sages, va accueillir de nouveaux publics pour amorcer sa mue : des publics hébergés, des collectifs, et des services de la Ville. L'objectif est d'amorcer le changement tout en préfigurant en partie ce qui adviendra du site dont la transformation devrait être aboutie à l'horizon 2030. Nom de code du projet d'urbanisme transitoire : "les Volets verts".

Grenoble : la transformation de la cité de l'Abbaye s'intensifie par le transitoire

Le projet urbain est à l’étude depuis 2017. Il prévoit la réhabilitation de la cité ouvrière de l’Abbaye, un ensemble de 15 bâtiments HBM. En mars 2019, la Ville de Grenoble a engagé le renouvellement urbain du quartier sur un périmètre large, pour pouvoir traiter la question des espaces publics dans ce secteur en lien avec le quartier du Châtelet notamment.

Lire l’article Cadredeville.com "La cité de l'Abbaye amorce sa mue sans l'Anru"

Etaient alors prévus, entre autres, le montage à venir d'opérations de réhabilitation et de construction autour de la place Riboud (à terme 232 logements familiaux, dont 35% de logements sociaux) et l’inscription du projet dans un dispositif d’urbanisme transitoire favorisant la transformation du quartier autour des places Charpin, Bonnevay et de la Commune de 1871.

Après des études et une concertation préalable sur le projet urbain de l'abbaye en 2017-2018, et la concession d'aménagement attribuée à la SPL Sages, des études se sont engagées pour concevoir ce projet d'urbanisme transitoire. Des relogements ont pu être effectués entre 2016 et 2020, et d'importantes réhabilitations patrimoniales sont donc maintenant prévues entre 2022 et 2030. Début mars 2021 a donc correspondu au bon moment pour le maire réélu de Grenoble (et la métropole) pour engager la dimension transitoire du projet début mars.

"C'est le lancement d'une nouvelle phase pour le quartier de l'abbaye", qui "entre en phase opérationnelle", souligne ainsi Yann Mongaburu, vice-président de Grenoble Alpes Métropole, et conseiller urbanisme transitoire pour la Ville. "Les bâtiments inoccupés seront transformés pour préfigurer ce que sera ce lieu", pour répondre au mieux aux "besoins sociaux, économiques, culturels" des habitants, pour commencer à transformer la cité ouvrière "en respectant son histoire" et en "venant investir fortement cet espace historique"". L'ambition est aussi de "donner un nouveau caractère, végétal et participatif" à ce secteur où les Grenoblois devraient à l'avenir pouvoir "profiter d’un lieu qui soit plus frais, un lieu de rencontres, de croisement des activités", poursuit l'élu.

"Les volets verts"

Intitulé "Les volets verts", le projet vise une triple dimension, "culturelle, solidaire et conviviale", et doit "amener de l’intensité culturelle et associative" à ce quartier en réinvention.
Le premier volet - culturel - a été activé il y a plusieurs mois déjà avec l'arrivée du Grand Collectif, une association de cinq équipes (Regards des Lieux, Images Solidaires, Colectivo Terron, Lieu Dit et Le Grille-Pain), réunies à l'Abbaye pour développer un projet culturel de quartier, autour de l'éducation populaire et du lien social (une activité labellisée Fabrique des territoires du nom de l'AMI gouvernemental). Cette équipe cherchera à développer des espaces de travail et de création et des ateliers de pratique artistique avec les habitants, à organiser des événements dans l’espace public et à accueillir des compagnies extérieures.

Ce collectif, et un autre groupe appelé Collectif Voisin, qui réunit pour sa part six associations locales spécialisées dans le vivre ensemble (Rézine, Grésille, Les Ateliers Machins-Machines, La boîte à jouer, Abbaye Cyclette et La Coque d’une étoile), prendront bientôt place dans un autre bâtiment supplémentaire, "sur trois ans au moins", a précisé l'élu. Le Collectif voisin souhaite créer un lieu de vie et de convivialité ouvert aux habitants, aux curieux et aux professionnels, pour se documenter, consommer (dans une visée de transition écologique), ou échanger.

Tiers-lieu, hébergement et services de la Ville

Autre maillon constitutif du projet, l'hébergement d'urgence, alors que les collectivités veulent augmenter leurs capacités d'accueil. 80 places seront ainsi déployées :
- 8 logements au 19 rue Duguesclin pour une vingtaine de jeunes adultes (projet de la métropole géré avec un collectif d'associations regroupant l'Apardap, la Cimade, 3amie et la Fondation Abbé Pierre) - il faut encore que la métropole effectue les travaux préalables en avril 2021. Le projet initialement orienté en 2019 vers les mineurs non accompagnés n'avait pas pu aboutir, et l'idée a été reprise par les nouvelles équipes, toutefois réorienté vers les jeunes adultes (moins de 29 ans), sans hébergement, sans ressources, et en attente de carte de séjour.
- 8 logements d'hébergement d'urgence pour accueillir une quarantaine de personnes (structure sur trois ans portée par l'Etat qui a désigné l'Ajhiralp comme gestionnaire), installés au 1 place Duguseclin, après travaux en mars
- 4 logements conventionnés pouvant accueillir une vingtaine de personnes (Ville de Grenoble et CCAS).

Des services municipaux qui seront en partie installés dans le quartier, également, à compter de ce printemps 'pour un travail de proximité et d'animation du quartier', en lien notamment avec la Maison des habitants déjà existante. Ainsi la direction de l'action territoriale du secteur 5 de la Ville va délocaliser plusieurs de ses bureaux, tout comme le service espaces publics et citoyenneté de la Ville, et une partie de la direction lutte contre la pauvreté et la précarité. L'objectif est aussi que les agents puissent 'tirer les enseignements pour leur propre pratique', souligne Yann Mongaburu.

Intervention avec les habitants sur les espaces publics

L’urbanisme transitoire concernera aussi les espaces publics, avec des réalisations à partir de ce printemps, sur la place Charpin et la rue Suzanne Buisson : piétonisation, suppression de places de stationnement remplacées par de la végétalisation et débitumisation des espaces centraux. S'en suivra un dispositif de participation des habitants du quartier avec notamment des chantiers ouverts au public pour "favoriser par le faire", selon l'expression de la Ville, la définition, l’appropriation et l’évaluation de ces nouveaux espaces. La commune prévoit aussi qu'en 2022 les espaces publics de la place Bonnevay seront eux aussi réhabilités selon les mêmes modalités. Environ 200 000 € en trois temps seront investis par l’aménageur pour le compte de la Ville sur les espaces publics.
Enfin, le projet aura une dimension de soutien à l'économie sociale et solidaire à compter de 2022. Plateau urbain va accompagner des porteurs de projets d'entreprenariat solidaire à travers des baux précaires - le temps de l'incubation. Un bâtiment sera remis à niveau pour cela, les redevances des acteurs économiques devant contribuer en partie au montage du projet.

Lucie Romano, rédactrice en chef adjointe de cadredeville.com


DECOUVREZ TOUS LES ARTICLES DE NOTRE PARTENAIRE CADREDEVILLE


Inscrivez-vous sur cadredeville.com et bénéficiez d’un essai offert pour accéder aux derniers articles, jurisprudences, et commentaires d’arrêts de la rédaction de Cadre de Ville.


Inscription à l'édition ville
Inscription à l'édition juridique

Les derniers articles pour vous :

Libourne : la SEM bordelaise InCité concessionnaire pour la revitalisation du centre

7 collectivités Action cœur de ville font office de territoires pilotes

Val de Fontenay : un pôle-gare central à mieux intégrer dans les projets urbains en cours

Contentieux des refus du permis de construire : entre théorie et pratique

Informations environnementales – Précisions sur le champ de l’obligation de communication



ARTICLES RECENTS :
2024 - L’ACHAT PUBLIC ENTRE AVERTISSEMENTS, PROMESSES ET DEFIS
Le 18/01/2024 à 17h

2024 - L’ACHAT PUBLIC ENTRE AVERTISSEMENTS, PROMESSES ET DEFIS

L’année 2024 est très certainement prometteur pour l’achat public. Grace à des formations initiales et continues qui ne cessent de se développer, la professionnalisation des acheteurs est réellement en marche. Ayant pris pleinement conscience de son impact économique et par la même social - l’achat public de travaux fournitures et services représentant en moyenne 20% de leur budget- de plus en plus de structures publiques et para publiques ont mis en place de véritables services dédiés à ce qu’il convient de considérer comme un puissant levier des politiques publiques. Gageons que cette année verra se prolonger des réflexions et débats déjà entamés sur l’impact de l’intelligence artificielle sur l’achat public, la cybercriminalité et la protection des données personnelles dans l’acte d’achat, l’extension de la location au détriment de l’achat proprement dit, l’instrumentalisation des ces quelques dizaines de milliards d’euros annuels au service de différentes politiques dont la souveraineté nationale et -ce n’est à priori pas antinomique- la protection de la planète…

Lire plus
921 159  entreprises enregistrées