Pendant onze mois, la SPL Lyon Part-Dieu, aujourd’hui présidée par le maire de Lyon Grégory Doucet, aux côtés de la Métropole et de la Ville de Lyon, a planché sur la réorientation du second centre d’affaires de France. Le nouveau projet mené par l’architecte en chef François Decoster (L'AUC), agence désignée ce lundi 31 mai Grand prix de l’urbanisme 2021, modifie considérablement le précédent projet, sans cependant faire table rase du passé.
La skyline initiée par les précédents élus n’ira pas à son terme. "Arrêt des tours", scande le président de la Métropole, Bruno Bernard. Le quartier d’affaires sera d’abord un quartier à vivre, avec la volonté de faire de ce territoire la locomotive de la transition écologique. Et le maire EELV de Lyon de constater à son tour "que la Part-Dieu souffre d’une trop grande minéralité, de bureaux omniprésents et d’une circulation trop dense". Un diagnostic qu'avait déjà posé le projet urbain dès ses débuts. Les nouvelles équipes déroulent leurs priorités pour aller plus loin encore : le renforcement des espaces publics et de la végétalisation, la dé-densification du quartier, la mixité fonctionnelle et sociale et davantage de place pour les piétons et les vélos.
Sur les espaces publics existants comme la place du Lac qui bénéficiera d’une large extension, en face du bâtiment de la Métropole et de la cité administrative (prochainement restructurée), la place Béraudier en face de la gare et ailleurs encore, une surface de canopée de 4 000 m² à échéance 2025 et 9 600 m² en 2030, est annoncée. Ces plantations seront effectuées sur des sols désimperméabilisés. Les surfaces perméables passent dans le projet de 33 700 m² à 67 200 m².
Circuler en voiture dans Lyon exigeait déjà une grande patience, tant les pistes cyclables et les rues à sens unique ont bouleversé les habitudes des Lyonnais. Le quartier de la Part-Dieu ne fera pas exception. L’automobile sera bannie en cœur de quartier et notamment sur la rue des Cuirassiers, la rue Bouchut et l’avenue Pompidou où se situera le nouvel accès aux quais de la gare. Ces décisions sont compensées par un renforcement et une réorganisation des transports en commun, des pistes cyclables qui doivent passer de 2 kilomètres en 2009 à 9,5 kilomètres en 2030, et des places de stationnements vélos (2 600 places en surface et 2 085 places dans la nouvelle vélo-station Béraudier d’ici 2024). Les piétons ne sont pas en reste avec des espaces dont la programmation s'étend de 65 000 m² en 2009 à 120 000 m² en 2030.
Deuxième quartier d’affaires français, la Part-Dieu le restera-t-il ? Les élus défendent un rééquilibrage entre logements et bureaux. Et affirment leur volonté de résorber le déficit en logements sociaux durant le mandat avec une production qui doit tendre vers 2 000 logements par an sur la métropole. "Forte de sa position géographique et d’un maillage des transports en commun, la Part-Dieu n’est-elle pas le terrain idéal pour recevoir ces nouveaux logements ?", défendent-ils. Le projet prévoit une offre nouvelle de 2 200 logements sur la Part-Dieu d’ici 2030 dont 46 % à prix maîtrisés (social, intermédiaire et BRS). À cela s’ajoute la rénovation des résidences, menée par les bailleurs sociaux sur Desaix (280 logements) et Brottier (180 logements).
Les chantiers commencés seront évidemment achevés, mais la volonté des élus est de freiner la construction tertiaire en favorisant les programmes plus sobres en adéquation avec la demande (fin des tours), et la réhabilitation de l’existant comme l’ex-RTE, le bâtiment B12 sur la place Milan ou le Britania.
La dernière tour du quartier de la Part-Dieu, Silex 2, est en voie d’achèvement. Elle conjugue une imposante opération de réhabilitation de l’ancienne tour EDF avec la greffe d’un immeuble neuf accolé à la façade Nord. Cette majestueuse réalisation orchestrée par Covivio qui la qualifie comme "l’une des plus élancées d’Europe" et que l’on doit aux architectes MA architectes (Antoine Durand) et Arte Charpentier (Jérôme Le Gall) culmine à 130 m sur 20 étages. Sa particularité est d’être l’une des rares tours en acier, sans noyau béton, construite depuis la tour Eiffel. Sur les 31 000 m², 60% sont pris à bail par le groupe Solvay, Orsys et Wello, l’espace pro-working de Covivio. Les prix de loyers oscillent entre 280 et 340 €/m².
Maïté Decool, journaliste de Cadre de Ville
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