L'étude d'impact du Village olympique mise à jour a été soumise à l'Ae avant l'ouverture de la PPVE début juin. La Solidéo y annonce "une démarche d'analyse plus large". Elle portera notamment sur les modes de déplacements an cas de retard du Grand Paris Express. Le village olympique a obtenu son autorisation environnementale le 18 mars, le lendemain du début du confinement.
Alors que Guy Drut, champion olympique membre du CIO, propose ce dimanche de "repenser et adapter les jeux, en concentrant plusieurs épreuves au même endroit, et en renonçant à certaines disciplines additionnelles", le projet de Village des JOP de 2024 suit son cours sur le schéma d'origine, néanmoins déjà retouché par un recalibrage à la baisse de sa capacité d'hébergement l'an dernier.
Cependant, l'impact environnemental global des jeux de 2024 commence à être interrogé, révèle une lecture de détail de la nouvelle étude d'impact du Village olympique. En effet, l'Autorité environnementale, qui l'a examinée ce 22 avril 2020, saisit cette occasion pour réitérer sa demande de voir "une étude d'impact relative de l'ensemble de la programmation des Jeux" - intégrant notamment les équipements provisoires. L'Ae reconnaît, dans le même temps, que la Solidéo a répondu à cette attente.
La Solidéo répond à cette demande d’évaluation environnementale à l’échelle des Jeux dans la dernière mouture de l'étude d'impact du Village, dans un paragraphe dédié/ La Solidéo précise ainsi que "l’impact environnemental de la phase Jeux Olympiques et Paralympiques [du Village], et en particulier des ouvrages provisoires, sera analysé par Paris 2024 dans le cadre d’une démarche spécifique à venir, (...) de manière plus large que dans le cadre de l’étude d’impact du village Olympique et Paralympique, qui ne recoupe qu’une partie du projet des Jeux".
Mais l’Ae souhaite aller plus loin que la seule question des déplacements, jusqu'à étudier l'impact sur l'environnement dans son ensemble, et demande une étude d’impact "organisation de la phase Jeux", bâtie sur le même principe que celles du Village et du cluster des Médias, mais en mettant en exergue une phase temporelle et non pas un secteur géographique. En effet, fait valoir l'autorité, L’organisation des Jeux comporte, non seulement les aménagements temporaires (réalisation, utilisation et démontage), mais l’événement qui comprend, outre les épreuves sportives elles-mêmes, les animations et services aux participants et aux spectateurs : alimentation, eau, assainissement, télécoms notamment, dans tous le s sites olympiques.
D'ores et déjà, la Solidéo, qui annonce "une démarche transverse à définir", peut affirmer que "cette analyse veillera à la sensibilité des modes de déplacements, en évaluant les impacts en cas de retard des lignes du Grand Paris Express, et les impacts en lien avec le report de la mise en service de la future liaison ferroviaire CDG Express entre Paris et l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle".
Sans attendre, le projet de Village avance. Benoît Piguet, directeur des relations institutionnelles à la Solidéo, l'avait expliqué voici un mois à Cadre de Ville : "Trois concertations réglementaires dématérialisées vont être lancées. Du 8 juin au 8 juillet, ce sera pour la demande de permis d'aménager du Village olympique. L'objectif initial est maintenu : celui de réunir en juillet un conseil d'administration de la Solidéo qui valide, non seulement l'avancement du Village olympique, mais également les lauréats des trois grands sites : le cluster des médias et ses équipements sportifs associés, l'Arena de la porte de la Chapelle gare des Mines, et le centre aquatique olympique de la Plaine Saulnier."
Sur le Village olympique lui-même, dont la vertu environnementale de la phase Héritage a été particulièrement travaillée, dans les cahiers de charges, et dans les réponses des candidats retenus pour les lots D et E. En revanche, le débat, entre la Solidéo et l'Ae, se concentre au stade de la demande de permis d'aménager des espaces publics, sur la phase 'jeux', phase transitoire, mais qui supposera d'artificialiser une partie du parc, et de la 'place olympique et paralympique' en bord de Seine, où des aménagements d'embarcadère ne sont pas exclus. De même, l'Ae s'interroge sur les réponses apportées à la pollution sonore pendant cette même phase des jeux. Certes, un mur anti-bruit sera construit par la Dirif sur l'A86 (moins performant que ne le prévoyait le projet des architectes Philippon-Kalt, mais...), mais il reste le trafic sur la D1, et les flux que générera le déroulement des jeux.
Concernant la gestion des eaux de pluie en phase Jeux, pour les aménagements temporaires, il est prévu de respecter 'au mieux' les ambitions de la phase Héritage, avec une exception cependant, qui n'échappe pas à l'Ae : la gestion de la pluie courante. En effet, les surfaces dédiées au parc central, végétalisé en phase Héritage, seront pour l’essentiel recouvertes d’enrobé au moment des Jeux. La surface concernée représente un surplus de surface imperméabilisée d’au moins 28 000 m².
La place olympique et paralympique est également pointée, car elle sera, elle aussi, artificialisée en phase Jeux, alors qu’elle constitue, en phase Héritage, une zone d’inondation temporaire, végétalisée.
Concernant les eaux de pluie toujours, l'Ae s'interroge sur la capacité du dispositif mis en place à hauteur de la RD1, en phase Jeux, d'accepter des épisodes pluvieux importants - notamment à quel niveau la rue des Frères-Lumière deviendra une 'rue rivière'.
L’Ae recommande d’évaluer dès maintenant les conséquences de l’augmentation des surfaces imperméabilisées en phase Jeux, par rapport à la phase Héritage, sur le fonctionnement du dispositif de gestion des eaux pluviales prévu - et de prendre les mesures ERC adéquates, évidemment.
Bruit : reprogrammation de la ZAC ?
La question du bruit n'a pas fini, elle non plus, de faire débat - au-delà de la phase Jeux, en phase Héritage. Si la Solidéo a repris de façon détaillée les études d'impact sonore, l'Ae estime que les mesures de prose en compte dans le projet ne sont pas là. L’Ae recommande carrément au maître d’ouvrage de 'reconsidérer la programmation de la ZAC afin de ne pas exposer les futurs occupants à des niveaux de bruit inacceptables pour leur santé'.
L’étude de la Solidéo confirme l’existence de niveaux de bruit dépassant la limite de l’Organisation mondiale de la santé pour les étages supérieurs des bâtiments en bordure de la RD1 (îlots D1 et E1), et, surtout, de l’A86 (îlots A1 et A2), dès le R+7 côté A86 et le R+12 côté RD1. Que l’écran acoustique le long de l’A86 mesure 3 ou 4 mètres de haut ne change rien, même si la réhausse de l’écran à 4 m permet d’améliorer la situation des étages intermédiaires en restant sans effet sur les niveaux supérieurs.
Les mesures prévues par la Solidéo n'agréent pas l'Ae. La Solidéo prévoit pourtant des mesures d'isolation acoustique, l'adaptation des systèmes de ventilation, la répartition des pièces dans les logements en disposant les pièces à vivre vers les cœurs d'îlots. Mais l'Ae estime ces solutions insuffisantes, et intervient directement dans la conception du projet urbain, en demandant que les immeubles au contact des voies bruyantes soient affectés 'à usage de bureaux'. Il n'est 'pas acceptable' que le maître d'ouvrage n'ait pas procédé à cette 'réorientation' de son programme... L'Ae se contentait de pointer les manquements à la prise en compte de enjeux environnementaux. Voici qu'elle apporte les solutions. La voici programmiste.
Rémi Cambau, Rédacteur en chef de Cadre de Ville
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